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Chante, rossignol chante

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Chante, rossignol chante Empty Chante, rossignol chante

Message par Adrian Aubegarde Jeu 1 Oct - 9:05


1.

Le monde se pressait sous la yourte étroite de la vieille Sarangtsetsen et comme toujours en pareille circonstance, chacun raclait des pieds en bavardant sans savoir exactement quoi faire. Les anciens du village, hommes et femmes, n'avaient pas été informés des raisons de cet appel urgent et quelques uns lorgnaient du côté de la vieille chamane en espérant comprendre au motif chantant qui l'entourait le mystère de leur présence mais Sarangtsetsen savait faire taire sa bouche autant que sa face et rien ne s'exprimait dans son visage ridé comme une vieille pomme sinon la légère impatience fougueuse que son grand âge n'était jamais parvenu à tempérer. Chacun prenait place à son tour sur des coussins plats et tout naturellement, les conversations se turent à mesure que tous tournaient la tête vers la doyenne qui ne prit la parole qu'au moment où le silence fut total.

« Le Sceau est brisé. » dit-elle de sa vieille voix aux accents de terre sèche. Aussitôt le brouhaha reprit et ce fut sa fille, Oyugun, qui tapa de son bâton sur le sol pour faire cesser les discussions dont le motif commun commençait à prendre des accents de panique. Sarangtsetsen n'attendit pas qu'on lui pose de questions et fit un signe vers les pans de la yourte qui masquaient l'entrée de sa chambre. « Faites la venir. » Aussitôt on amena au milieu du groupe une jeune femme hagarde dont les pieds hésitants peinaient à trouver leur chemin sur les tapis. Deux des fils d'Oyugun l'encadraient et la soutenaient et il était difficile de savoir au premier coup d'oeil s'ils jouaient là le rôle de protecteurs ou celui de gendarmes. Elle pouvait avoir vingt ans, ses longs cheveux d'un noir bleuté étaient détachés et balayaient le sol en la recouvrant presque tout à fait. Elle portait une vieille tunique cérémonielle qui la recouvrait tout entière à l'exception du visage et des épaules, tout deux blancs comme l'opale.
« Amenez-la à moi. » ordonna la vieille femme qui fit à nouveau un signe de main quand elle fut certaine que la vue de la fille avait imposé le silence aux plus bavard. Tous la contemplaient avec une fascination horrifiée, comme si un monstre de légende venait tout soudain de sortir en rugissant d'un vieux conte puéril. On fit agenouiller la jeune fille devant Sarangtsetsen qui défit sans ménagement la ceinture qui serrait étroitement le vieux vêtement à sa taille. Sarangtsetsen ordonna à sa fille de regarder. Oyugun se pencha et écarta d'une main les cheveux saphir pour examiner l'emplacement situé exactement entre les deux épaules, sous les écailles noires de la nuque. « Le Chant n'est plus là, mère. »

L'abattement se lisait sur les visages. C'était comme entrer soudain dans la légende, quelque chose avec lequel on avait vécu des années durant sans trop y penser et qui soudain, se rappelait à vous de façon inéluctable. Sarangtsetsen confia la fille à Oyugun qui la rhabilla sans qu'elle donnât le moindre signe de conscience.
« Pourquoi ses lèvres remuent-elles ainsi ? » demanda Tumun en fixant la bouche pâle avec une crainte superstitieuse.
« Ce sont les restes du Chant, » répondit Narangtsetsen dont l'harmonie se teintait cette fois d'accents lugubres. « Sa tête en est encore trop pleine pour qu'elle se rende compte de rien. Il va se dévider de son esprit comme le fil de soie se dévide de son échevau, puis elle l'oubliera. Sans le cristal elle ne peut pas le chanter. »
La consternation et l'inquiétude se lisait sur les visages. Narangtsetsen les considéra tous de son air sévère puis demanda : « Qui se trouvait de garde ? »
On hésita, et quelques discussions furent nécessaires entre les invités de la yourte. Le tour de garde, regardé autrefois à ce qu'il paraît comme un honneur insigne, était devenu un sujet de plaisanterie et une sorte de rite de passage dont on s'acquitait en flemmardant avec une bonne raison pour ne rien faire. « C'était Orbei, ancienne. » finit par répondre Tumun au milieu des signes de tête approbateurs. Oyugun frémit visiblement. Elle avait sept fils et Orbei était sa seule fille, entêtée et rusée comme un serpent. Elle avait disparu la veille, prétextant une chasse, et c'était sa relève qui avait signalé plusieurs heures après l'effraction de la grotte. Narangtsetsen quant à elle ne cilla pas et ordonna qu'on aille fouiller ses affaires.

On avait assis la jeune fille à côté d'Oyugun et tous l'observait désormais avec un silence respectueux. Elle suintait la musique comme la lune qu'on regarde à travers le brouillard suinte la lumière et ses lèvres ne cessaient de tracer des paroles inaudibles dont la consistance éthérée flottait dans l'air comme une chappe pesante avant de se dissiper dans les fumées odorantes des bâtons d'encens. Le vol du cristal l'avait rendu presque inutile mais on percevait encore l'écho de son ancienne puissance.
Tsen le plus jeune des fils d'Oyugun revint le premier et s'agenouilla au centre du cercle pour déposer sous les yeux de tous une petite perle noire qui roula doucement sur le tapis avant de s'arrêter contre le soulier à pointe recourbée de Narangtsetsen. Tous la reconnurent, les Impériaux qui étaient venus dans le village quelques semaines auparavant en avaient de semblables. Narangtsetsen la prit et la porta à son oreille par acquit de conscience mais la linkperle resta muette. Posément, elle la reposa puis la brisa sous son pied.
« Tsen, emporte Chaghan avec toi et dis à tes frères de prendre soin d'elle comme d'une soeur. Vous autres, restez, nous devons aviser en urgence. »
Adrian Aubegarde
Adrian Aubegarde

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Date d'inscription : 20/07/2015

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